
Les Cong, nés dans les forêts, dans le creux des montagnes
Les Cong possèdent un trésor culturel imprégné de montagnes, de forêts, de fleurs, d’oiseaux et d’animaux.
Apparu au Vietnam au XVIIe siècle, le peuple Cong a investi les montagnes et les ruisseaux reculés pour bâtir une beauté culturelle dissimulée au cœur de la brume et des nuages.
Il est probable que le peuple Cong, minorité de la province du Yunnan, en Chine, ait migré dans la région du Nord-Ouest du Vietnam.
Egalement connue sous les noms de Xam Khong, Mong Nhe, Xa Xeng, Xa Cong, Xa, l’ethnie Cong, réside dans la région du Nord-Ouest du Vietnam, principalement dans les provinces de Lai Chau, district de Muong Te, le long de la rivière Da (rivière noire) et dans la province de Dien Bien Phu.
C’est une petite ethnie minoritaire d’environ 10 000 âmes qui appartient au groupe linguistique tibéto-birman.

Sommaire
Le peuple Cong se compose de deux groupes locaux
- Les Cong jaunes ( Xam khong Su Lu) vivent dans les communes de Nam Khao (district Muong Té), Nam Ke (District Muong Nhé), Po Lech, Nam Poc (district de Muong Té).
- Les Cong noirs ( Xam khong Na La) vivent dans les communes de Tac Nga, Nam Cha, village de Tang Nga (district de Nam Nhum) et Kan Ho (district Muong Té).
Organisation communautaire
Autrefois les Cong servaient les seigneurs Thaï forcés de travailler pour eux…
Chaque clan de l’ethnie Cong possède un chef, chaque clan applique les mêmes tabous et les mêmes règles concernant l’emplacement dans les maisons de l’autel ancestral et les pratiques de culte.
Dans chaque famille, le mari, le père, joue le rôle principal ; à son décès, le fils aîné prend sa place.
Les villages sont établis sur les rives des ruisseaux et de la rivière Da (rivière noire) face à l’eau ou au pied d’une montagne. Un village Cong compte entre 20 et 30 maisons.
Les maisons Cong sont souvent sur pilotis. Chaque maison est divisée en 3 à 4 pièces.
La pièce du milieu est l’endroit où les invités sont reçus. Une pièce latérale sert de chambre à coucher au fils et à sa femme, à l’opposé, il y a la chambre des parents où se trouvent également le foyer et l’autel des ancêtres. Le gendre et son épouse, le temps qu’ils resteront chez la famille de la femme, occuperont une place dans la pièce du milieu.
La maison n’a qu’une seule porte en pignon et une seule fenêtre dans la pièce du milieu.
La famille, le mariage, les coutumes

La famille Cong est patriarcale, chaque famille Cong a un chef de famille. Les Cong pratiquent le matrilocat (fait d’habiter chez les parents de la femme le temps des fiançailles).
Le mariage : autrefois, les fils et les filles de l’ethnie Cong pouvaient se marier entre membre de clan, mais, selon les coutumes, les membres des clans devaient être éloignés de sept générations. De nos jours ils peuvent s’unir aux Thaï, aux Si La et aux Ha Nhi…
Le mariage est initié par la famille du marié. Après les fiançailles, le marié doit vivre plusieurs années, 8 à 12 ans, jusqu’au mariage, avec la famille de sa femme.
Il est courant que les couples aient plusieurs enfants avant de s’unir.
La femme portera un chignon haut à la mode Thaï après son mariage.
Un mariage coute cher ! La famille du marié doit dédommager la famille de la mariée pour la cérémonie. La famille de la mariée doit pourvoir cette dernière d’une dote qu’elle emportera chez son mari….
Le Ngo Têt, chaque lignée a sa propre manière de célébrer le Nouvel An :
Les Cong doivent se préparer six mois à l’avance pour cette fête en élevant des porcs gras, des poulets, en plantant du maïs, afin de présenter leurs vœux aux ancêtres. Avant le Têt, la famille se réunit pour répartir les tâches, conformément aux coutumes traditionnelles.
Les Cong font des offrandes aux dieux du ciel et à leurs ancêtres pour qu’ils les bénissent et les protègent, pour une récolte abondante, une bonne santé et un village paisible.
Sur l’autel, le plateau des offrandes aux ancêtres et aux dieux des Cong, les mets à base de maïs sont indispensables, tout comme le vin de maïs et les produits des forêts.
L’une des cérémonies importantes pour les Cong est la cérémonie du nom de l’enfant, lorsqu’il atteint l’âge d’un mois. C’est le grand-père maternel qui donne le nom à son petit-fils.
Subsistance

L’ethnie Cong vivait principalement de l’agriculture sur brûlis, creusant des trous pour semer les grains.
Récemment, les populations cultivent à la houe, utilisent des buffles et des vaches.
L’essentiel de leur nourriture provient de la forêt ; des poissons des ruisseaux pêchés à la main ou avec des appâts empoisonnés.
Les femmes Cong ne savent pas tisser ; elles cultivent du coton et l’échangent contre du tissu.
Cependant, hommes et femmes maîtrisent la vannerie et fabriquent des nattes de rotin teintes en rouge.
Le costume des femmes de l’ethnie Cong

Les costumes des femmes Cong sont assez simples, quel que soit leur âge.
Les manches sont décorées comme celles de l’ethnie Ha Nhi. Le col est celui des Muong, et les boutons sont de style « papillon » comme ceux des Thaï.
Elles portent une chemise, une jupe, un foulard et quelques bijoux.
La chemise traditionnelle des femmes Cong confectionnée à partir de tissus thaï tissés à la main et teints à l’indigo est ajustée au corps. Le pan de la chemise est croisé sur un côté et les manches sont longues. Les deux côtés du pan de la chemise sont doublés de rayures de tissu rouge, noir, bleu et blanc. Le corps de la jupe est souvent décoré de motifs triangulaires, de rayures horizontales et verticales et de fleurs bleues, jaunes et brunes entrelacées.
Les foulards des Cong noirs de Dien Bien Phu sont en tissu noir teint à l’indigo, large de 40 cm et long de plus de 2 m. Ils se plient en deux ou trois, selon la largeur souhaitée. Aux deux extrémités, deux lignes, l’une bleue, l’autre rouge, ornent le foulard.
Les costumes traditionnels de l’ethnie Cong véhiculent des valeurs spirituelles associées aux activités et au mode de vie des familles et de la communauté.
Les patchworks de tissus délicats et uniques et les broderies raffinées témoignent de l’histoire et de la culture de l’ethnie Cong. La forme et la couleur des motifs s’adaptent à chaque morphologie, sexe et âge.
La confection des costumes traditionnels Cong a disparu. Seuls quelques foyers conservent encore leurs costumes, au niveau du style et des motifs, mais avec des tissus différents.
Au Musée provincial de Dien Bien Phu, une classe de formation professionnelle est dédiée à l’apprentissage et l’enseignement du costume. Sous la direction d’artisans connaissant les techniques traditionnels de l’ethnie Cong, les étudiants apprennent à les confectionner. Ils suivent les processus : préparation des matériaux, techniques de mesure, coupe, couture, broderie de motifs, fabrication de boutons et boutonnières… Cette activité vise à sensibiliser la communauté Cong à la préservation et la promotion des costumes traditionnels et des valeurs culturelles.
La culture et les arts populaires du groupe ethnique Cong sont riches en mélodies profondes chantées lors d’occasions festives et de danses.
Les Cong possèdent de nombreux chants « Con Ga crow », principalement transmis par les grands-parents à leurs descendants. L’antiphonie (chant alterné) fait partie de leur patrimoine musical.
L’ethnie Cong de la commune de Nam Khao, fredonnent les chants folkloriques familiers qui s’inspirent de la vie quotidienne et professionnelle des habitants.
Les danses folkloriques du peuple Cong ont des caractéristiques uniques, avec des mouvements puissants recréant les activités et la vie quotidienne des habitants. Les danses symbolisent les semailles et les récoltes du riz, ainsi que les célébrations des bonnes récoltes. La danse « Py Luym » est pratiquée lors des fêtes et festivals traditionnels, comme le Ngo Têt, l’emménagement dans une nouvelle maison ou le mariage.
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